Commençons donc par le début, un ami a acheté ce ketch en acier et il l'a confié à un chantier pendant plusieurs mois pour le transformer en ce magnifique voilier. Nous avions pour projet de convoyer le bateau depuis Saint-Quay-Portrieux vers Lesconil.

Nous devions donc passer par le "Chenal du Four" (ou une option par Ouessant) et le "Raz de Sein", des contraintes de calendrier (congès vérouillés) nous imposaient de partir avec des coeficients de marée de 104 et de se limiter à trois jours de navigation.

Le premier jour après environs 75 milles nous sommes arrivés au nouveau port de Roscoff ou nous avons fait une entrée fracassante. Le courant a embarqué les 15 tonnes d'acier du voilier contre deux bateaux amarrés en face occasionnant quelques dégâts. Les locaux nous ont quelque peu déculpabilisés en nous expliquant qu'avec un tel courant dans le port c'etait habituel !

Les courants en Manche sont costauds et le vent était lèger, le moteur a donc été solicité. Comme on peut le voir sur la photo, 2 noeuds de vent, 8 noeuds 5 de vitesse fond mais seulement 3 noeuds de vitesse GPS.

Après Roscoff il était prévu de passer le Chenal du Four mais pour cela vu le coef. de 104 deux conditions devaient être validées. Nous devions être arrivés au niveau de l'Aber Vrac'h trois heures avant l'étale de marée basse et le vent et le courant ne devaient pas être en opposition. En partant à 5h30 du matin avec un courant contraire beaucoup trop fort nous avons vite fait le point que nous ne serions pas arrivés à temps et de plus les prévisions météo nous annonçaient un vent fort contraire au courant ! Nous avons donc abandonné et décidé de faire demi-tour notre calendrier étant trop serré pour attendre des jours meilleurs afin de passer le Ras de Sein.

Sur le retour le vent était un peu plus puissant et nous avons au début pu naviguer sans moteur. Le silence est d'or ! C'était vraiment très agréable de ne plus entendre le moteur et nous l'avons crié à de nombreuses reprises... Quand le vent s'est calmé et que le courant contraire est arrivé nous avons voulu redémarrer le moteur que nous avions tellement été content de ne plus entendre ! Mais kenif ! Le démarreur faisait juste clic et c'était tout ! Nous avons soupçonné les charbons du démarreur, les batteries... pour finalement s'apercevoir au bout d'une demi-heure qu'il y avait un mauvais contact dans les manettes de commande du moteur (deux manettes, l'une d'embrayage et d'accélération et l'autre de sens), après cette frayeur tout est rentré dans l'ordre et nous nous sommes rapprochés petit à petit de Saint Quay...

Arrivé à Saint Quay, nous avons ralenti le moteur et nous avons affalé les voiles avant de nous remettre face au port et de remettre les gaz. Mais là, l'alarme de pression d'huile a retenti et le moteur s'est coupé ! Le moteur ayant récemment été déculassé et entièrement révisé nous n'avons pas tenté un redémarrage de peur de serrer le moteur. La situation était donc la suivante : Plus de moteur, les voiles affalées, des rochers et des bateaux tout autour et pour finir un courant de plus de trois noeuds qui nous poussait là ou il ne fallait pas ! Dans notre malheur il y avait du vent bien établi, nous avons donc déroulé en catastrophe le génois et avons commencé à reprendre un peu de distance par rapport aux rochers. Il était hors de question de rentrer un bateau de 15 tonnes au port à la voile avec le courant et le vent. On aurai pu envisager de lâcher l'ancre mais comme le bateau sortait du chantier et que nous n'avions pas vérifié, elle pouvait ne pas être attachée correctement ! Nous avons donc décidé à regret de lancer un appel Pan Pan Pan afin de se faire remorquer par la SNSM !

Tout va très vite, le capitaine lance l'appel sur la VHF. Nous sommes deux pour sortir le génois et barrer. Le CROSS nous demande à la VHF de les contacter par tél au 196. Dès que le contact téléphonique est établi nous sommes informé qu'un bateau de la SNSM sera sur place d'ici vingt minutes et que nous devons préparer à l'avant de quoi attacher un bout. Nous restons donc autour de l'entrée du port en tirant des bords au gènois. Finalement le bateau de la SNSM est là en quinze minutes. Le CROSS nous rappelle au tèl pendant que le Bateau de la SNSM nous contacte à la radio et qu'un autre nous demande d'affaler le génois et fixer le bout qu'ils envoient à l'avant. Nous ne sommes pas trop de trois, un barreur, un qui fixe le bout du bateau de la SNSM et l'autre qui gère les appels entre le tél avec le CROSS et la VHF avec la SNSM et qui aide le barreur pour affaler le gènois. Merci le CROSS, Merci la SNSM, c'est top d'avoir de l'aide en mer. En quelques minutes la SNSM nous ramène au port ou un bateau du port nous tracte jusqu'au ponton. Fin de cette belle petite ballade aux nombreux rebondissements qui me laissera de très bons souvenirs même avec ses imprévus.